Trois jours dans la jungle.
Résumer la forêt amazonienne en une phrase = "À 8h30 il fait déjà 35° avec 85% d’humidité et 127 mille moustiques au m3. »
Le bilan de notre séjour dans la jungle est assez mitigé, non pas à cause de ce que je viens juste d’écrire, mais par ce que par rapport au prix de ces trois jours nous avons été un poil déçus.
Peut-être nous attendions nous à mieux car la journée en Amazonie en Equateur avait été au top. Ceci dit, que vous marchiez quinze minutes ou que vous parcourriez la forêt de long en large et en travers, un arbre reste un arbre! Et c'est bien ça le problème, à chaque sortie dans la forêt nous voyons la même chose.
Le guide vient nous chercher à l'hotêl, nous sommes avec Léa, une allemande et une famille de New Yorkais. C'est parti pour 1h de mini bus jusqu'à Nauta puis 1h de pirogue pour enfin arriver au camps (un peu trop touristique à mon goût).
Les chambres sont distribuées puis chacun par faire le tour du propriétaire. Même si nous avons eu quelques déceptions, nous avons aussi eu de belles voire de très belles surprises à commencer par cette magnifique tarentule qui se tenait là, juste devant moi alors que j'étais sur le ponton. Je ne m'y attendais tellement pas que j'ai cru à une fausse araignée mise "exprès" pour faire peur aux touristes, mais non, elle était bien réelle, bien grosse et bien velue.
À peine remis de nos émotions, nous tombons sur ça :
D'après mes recherches, car je n'ai absolument pas compris son nom en espagnol, ceci est un bébé lamantin. J'aurais du enregistrer le "ooooooooh" que nous avons tous poussé à l'unisson quand la personne l'a sorti de l'eau.
Les guides nous ont dit qu'ils l'avaient récupéré et mis dans une marre près du camps afin qu'il puisse grandir en tout tranquillité et être assez grand pour se débrouiller tout seul. J'émets quand même certains doutes sur les histoires que notre guide va nous raconter au file des jours, pour moi, ça avait l'air d'un "kidnapping" de bébé lamantin pour impressionner les touristes, ceci fait parti de mes grosses déceptions du séjour. Il sera tout de même relâché deux jours plus tard (pour mieux kidnapper un bébé paresseux soit disant la-à aussi pour son bien et qui bizarrement sera remis dans un arbre après que les touristes aient pris des photos avec lui).
L'après midi nous partons en pirogue à la découverte des oiseaux...nous verrons un toucan de très très loin, tellement loin que si le guide ne nous avait pas dit qu'il s'agissait d'un toucan nous l'aurions pris pour un moineau !!!
Arrive le moment fort du séjour, je suis sur le point de réaliser un rêve! Nous reprenons la pirogue et allons juste en face, chez une dame qui, suite à une montée des eaux inattendue il y a quelques années, à recueilli chez elle plusieurs bébés paresseux qui étaient à la dérivent. Elle les a nourri jusqu'a ce qu'ils puissent se débrouiller seules. Quatre d'entre eux sont retournés dans la nature et deux autres sont restés (et ont même eu un bébé). Cette histoire j'y crois car ils sont en totale liberté ils vont et viennent à leur guise, d'ailleurs le jour de notre visite, la femelle était dans la forêt. Cette famille a aussi un petit singe, lui aussi sauvé étant bébé et en liberté...Bref la maison de mes rêves!
Instant magique...quand on me l'a mis dans les bras je me suis sentie voler, ça peut vous paraître exagéré mais c'est ainsi que je l'ai vécu. Je suis comme ça, j'aime profondément les animaux (souvent bien plus que les hommes). Je sentais sont petit ventre respirer contre moi, je me rappelle encore de son odeur, il s'accrochait à moi comme si il me faisait un câlin, c'était intense en émotion, je ne voulais pas le rendre!
Comment ne pas craquer devant cette petite tête de moine!?!
Coco était un peu jaloux donc il est venu nous embêter! Ce singe est monté sur du 3000v il ne s'arrêtait pas de sauter...
et de mordre mon oreille (le zizi à l'air HAHA!)
Voila, vous me donnez un paresseux et un petit singe et je suis la plus heureuse du monde entier de toute la galaxie intergalactique de l'univers!
Les journées étant bien remplies, après le repas nous repartons sur la pirogue pour une virée de nuit à la recherche de caïmans et de boas.
Être en pleine forêt quand il fait nuit noir est particulier. Alexis a adoré cette sortie, c'était à la fois stressant et intriguant. Le hic est que nous avons trouvé un bébé caïman et que le guide a décidé de le ramener au camps. Pourquoi? Par ce qu'il était en "danger" tout seul...Pardon? ça ressemble comme deux gouttes d'eau à l'histoire du bébé lamantin et du bébé paresseux. J'ai trouvé tout ça un peu louche! Laissons les animaux sauvages à leur place, observons les mais sans les toucher, comme aux Galapagos!
Le lendemain c'est de nouveau une virée en forêt mais de jour et à pied cette fois ci. Rappelons nous de cette phrase de début d'article : "8h30, 35°, 85% d'humidité, moustiques assoiffés de sang".
Cette sortie est un véritable cauchemar, il fait une chaleur étouffante mais nous sommes obligés de mettre des vêtements longs à cause des moustiques. Nous sommes tout transpirant et il faut en plus se mettre une couche de produit anti-moustique qui rend tout collant, c'est très désagréable.
Nous n'avons pas encore mis un pied à terre que l'enfer commence
Voila à quoi ressemble UNIQUEMENT la manche d'Alex, partout ailleurs c'est pareil, ils piquent à travers les vêtements même avec du répulsif, ce sont des moustiques que rien n'arrête et quand le tissu est trop épais, pas de panique, ils piquent les mains, et le visage!
Nous sommes ensuite allés sur l'île aux singes.
Et pour finir cette journée bien remplie, rien de tel qu'un plongeon dans l'Amazonne au milieu (plus ou moins car très craintifs) des dauphins roses.
Le lendemain encore des animaux...ouiiiiii!!! Cette fois ci nous allons voir une petite loutre, elle aussi apprivoisée mais en liberté.
Les pieds d'Alex l'intriguent!
Après ça, il est temps d'aller visiter le village qui nous accueille. "Bien venidos a la comunidad Puerto Miguel". Il y a une centaine de famille (on ne compte pas par nombre d'habitant ici mais par nombre de famille), une école et une sorte de mairie avec un maire bénévole élu de la façon la plus démocratique qu'il soit : chaque volontaire se place devant la population et chaque habitant vient se mettre derrière celui pour qui il veut voter, celui qui a le plus de personne derrière lui est élu.
Ils ont aussi un jardin/potager commun où tout le monde doit mettre la main à la pâte et en retour chacun se sert à sa guise. C'est une belle leçon de simplicité ou l'argent n'a pas sa place. Ils en ont cependant besoin pour : L'essence, le sucre et le sel.
J'ai vraiment aimé leur système et leur façon de vivre qui m'ont beaucoup fait réfléchir, malheureusement, ils sont loin de tout et la perspective d'avenir pour chacun des enfants se résume à se marier juste après l'école (18 ans voire avant), construire sa maison car tu ne peux vivre chez "ton père" (comme nous a dit le guide) que quelques mois après ton mariage, et faire des enfants.
Cette visite était très paradoxale, j'ai resenti une certaine liberté chez ces gens et aussi une énorme sérénité car ce village, comme tous ceux de l'Amazone, n'enregistre aucune criminalité. Le guide nous a expliqué qu'ils ont leurs propres lois, que les punitions sont en général l'enfermement dans une pièce noire pendant plusieurs heures à plusieurs jours mais que c'est extrêmement rare et que les plus gros délits sont des vols de poulet quand un homme a un peu trop forcé sur le Pisco (alcool péruvien). Si jamais il y avait un plus gros méfait, la personne peut être renvoyée du village et si dans le cas extrême, il y aurait un meurtre par exemple, ils emmènent la personne à la police d'Iquitos et c'est l'Etat qui s'en charge, mais ça n'est jamais arrivé.
Paradoxale je disais, par ce que malgré tout, j'ai vu des visages las, comme si l'ennuie et la fatalité de leur vie avait pris le dessus. Moi, avec mon cerveau d'occidentale, je ne peux imaginer avoir ma vie toute tracée dès mon premier jour de vie que je le veuille ou non.
Je les ai donc envié à certain moment de la visite, puis j'ai eu de la peine pour eux à certains autres, à tord ou à raison? Je ne sais pas, qui peux prétendre être parfaitement heureux dans la vie? Peut être le sont-ils finalement plus heureux que nous qui sommes le premier pays consommateur d'anxiolitique?
Je me suis toujours posé cette question dans tous les pays que j'ai visité où la culture était totalement différente de la mienne. Qui a raison, qui à tord? si tant est que quelqu'un ait raison ou tord!
Bref...Vaste sujet!
Pour finir, j'ai un dernier cadeau : Tadaaaaaaaaa... :)